Harcèlement dans la communauté de danse : De Berlin à Bruxelles
Récemment, une amie de la communauté de danse à Berlin m’a partagé les résultats d’un sondage préoccupant : deux tiers des danseuses ont signalé des expériences de harcèlement lors de soirées, de cours, ou d’autres événements liés à la danse. Cette statistique a fortement résonné en moi, notamment en pensant à la situation en Belgique, et plus particulièrement à Bruxelles.
Je n’ai pas encore décidé si un sondage similaire serait pertinent ici, mais je suis convaincu que les chiffres seraient comparables, voire plus inquiétants. Les retours que j’ai pu avoir confirment que ce problème est bien présent chez nous. Alors, que faire face à ce constat ?
La responsabilité de tous pour un espace sûr
Que ce soit sur une piste de danse ou dans la vie quotidienne, il est de notre responsabilité de créer un environnement où chacun se sent en sécurité. Prenons un exemple simple : lorsque nous organisions des soirées au Cinquantenaire sous les arcades, toute personne visiblement en état d’ébriété était écartée de la scène. Pourquoi ? Parce qu’un climat de confiance et de bien-être est essentiel pour que chacun puisse pleinement profiter de la danse, en se sentant respecté et à l’aise avec son corps.
Qu’on signale ces comportements inacceptables en danse
Le problème dépasse largement le cadre des soirées ouvertes et publiques… Dans des cours privés ou des événements fermés, certains hommes forcent des danseuses à des contacts physiques non consentis ou à des gestes inappropriés. Ce genre de comportement est plus qu’une simple gêne, ce sont de véritables agressions.
Il est impératif d’adopter une tolérance zéro face à ces comportements. Trop souvent, on entend : « Ce n’était qu’une fois », ou encore « Il était ivre ». Mais le fait de ne pas réagir signifie que nous acceptons, consciemment ou non, ces actes. Si nous n’agissons pas, nous cautionnons une communauté où ce genre de comportement est possible.
Personnellement, je préfère faire partie d’une communauté de danseurs débutants où chacun se respecte que d’une communauté de danseurs experts mais toxiques. La qualité technique ne devrait jamais primer sur la qualité humaine.
Nous devons tous réfléchir à comment nous voulons construire notre communauté, que ce soit en salsa, bachata, kizomba, lindy hop, tango, forro, samba ou zouk (et bien d’autres danses que je ne connais bien). Ces réflexions me viennent après une pause dans le monde de la danse, et en y revenant, je réalise à quel point il est crucial de s’engager et de veiller à ce que chacun se sente en sécurité.
Petits accidents ou comportements abusifs ?
Évidemment, il existe aussi des situations où un contact non intentionnel peut survenir pendant une danse. Cela m’est déjà arrivé, par exemple lorsque la différence de taille fait que la main glisse accidentellement sur la poitrine de la danseuse (lors d’un shadow position). Dans ces cas, il est important d’en parler, de s’excuser et d’expliquer que cela n’était pas intentionnel. Ces petits accidents ne doivent pas être minimisés, mais ils ne doivent pas être confondus avec des comportements abusifs.
C’est d’abord, à nous d’agir.
Face aux comportements abusifs, il est important que les organisateurs, les professeurs et la communauté elle-même soient capables d’agir. Les personnes responsables de tels actes doivent être écartées des événements, et si ces comportements se répètent, un bannissement de la communauté peut être envisagé.
Cela peut sembler extrême, mais c’est parfois nécessaire pour protéger la communauté et garantir que chacun se sente en sécurité.
Cet article est une réflexion personnelle, inspirée du sondage à Berlin. Nous devons tous contribuer à faire de notre communauté de danse un lieu sûr, peu importe la danse ou la communauté à laquelle nous appartenons. Il est essentiel que chaque danseuse et chaque danseur puisse se sentir en sécurité, écouté et respecté.
Voilà l’article en allemand si cela vous intéresse: taz.de/Sexuelle-Belaestigung-beim-Tanz/