Le choix ultime : éco-dictature ou économie
Quand je raisonne de manière sereine sur l’environnement et la situation actuelle du genre humain, je reviens constamment au même point. Une grosse majorité de la planète va souffrir puisque nous avons atteint un cas de non-retour. Greta, elle garde espoir…
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Tout écologiste ou scientifique proposera un changement majeur de consommation (donc une décroissance du PIB). On rate le coche du 1,5°. Pourrions-nous nous arrêter à 2° ? Malgré des accords fébriles, que très peu de pays ont atteint les objectifs prévus. Tristement, comme l’ancien président américain l’affirmait,
The American way of life is not up for negotiations. – George H.W. Bush
En réalité, dans un monde globalisé individualiste, cette phrase concerne chaque gouvernement. En France, des révoltes explosent si on augmente le coût de l’essence. Qu’arrivera-t-il quand il ne sera plus légal de voyager en avion ? Comptez sur moi pour être dans les rues à me plaindre…
Quand le problème est mondial et ne s’arrête pas aux frontières, comment peut-on atteindre nos objectifs 2030 et éviter un cataclysme ? Dès 2020, il faudrait réduire les émissions de 15% tous les ans. Or, en 2019, nous avions encore augmenté nos émissions de 2% (source : eea.europa.eu). On peut très sincèrement en douter avec les moyens mis en œuvre jusqu’à présent.
Du greenwashing à l’Européenne
En 2007, les leaders européens s’étaient donné trois objectifs climatiques pour 2020. Ces objectifs seraient déjà presque atteints ! Hourra vive l’UE ! Après une petite investigation, je remarque que cela semble plus à de la propagande qu’à de réels efforts et changements.
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20% de l’énergie de l’UE via des ressources renouvelables.
En 2020, nous atteindrons certainement les 20% prédits. Est-ce que tous les pays de l’UE y participeront ? La Belgique est par exemple derrière. Dans le transport, seulement 8% provient de sources d’énergies renouvelables.
Un long épisode de Thinkerview m’a fait grandement douter des énergies recouvrables pour sauver l’environnement. En effet, les matériaux pour les éoliennes ou plaques photovoltaïques demandent une grande utilisation d’énergie et la dénaturalisation de nombreux espaces en Asie et Amérique du Sud. On exporte les problèmes environnementaux.
Petite anecdote, mais à l’achat d’une voiture électrique, vous avez déjà pollué comme si vous aviez roulé 10 ans à l’essence. Pour cause, la production de batteries a lieu en Chine avec une énergie dépendante du charbon (source : European Environment Agency – Electric Vehicles Life Cycle)
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20% de réduction de gaz à effet de serre
Source de l’image : Lesechos.fr
Diminution spectaculaire des émissions de CO2 en Europe ! Si seulement… En réalité, l’UE a posé des objectifs par rapport à la situation des pays en 1990. Tout le bloc de l’Est était en pleine crise (la chute de l’union soviétique). Leurs industries s’étaient effondrées et donc émettaient moins de CO2.
Les objectifs de l’UE ont été atteints, mais cela ne reflète en rien les efforts menés pour réduire les gaz à effet de serre.
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20% d’amélioration dans l’utilisation de l’énergie.
Source de l’image : ec.europa.eu
Les plus malins d’entre nous auront compris la farce. En 1990, notre consommation d’énergie était catastrophique avec beaucoup de charbon. Des efforts ont tout de même été faits.
- Ainsi, l’UE s’établit comme un exemple pour les autres pays du monde. Il est plus simple de montrer des performances si nous comparons avec les années 90. À cette époque, le Club de Rome n’était pas pris au sérieux.
- D’ici 2030, l’objectif final de l’UE est de réduire nos émissions de 40%. Comme le montre le graphique de Carbon Brief (cf. Tweet de Greta), nous devrons réduire nos émissions d’au moins 95% d’ici 2027 pour espérer rester sous les 1,5°. Ainsi, les objectifs proposés (qui sont pour l’instant non contraignants) sont 2x trop faibles pour nous libérer de toutes menaces.
Commme si l’Europe avait un impact…
Le monde est devenu mondialisé. Certains politiques nationalistes ne semblent pas encore le comprendre, mais le capitalisme marchand a gagné l’entièreté du monde.
- Si tes avions coûtent trop chers, d’autres pays à l’autre bout du monde n’attendent que d’en vendre. Airbus et Boeing ne sont pas au bout de leur surprise.
- Si ta main-d’œuvre est très chère ou pas assez flexible, des millions de talents attendent une opportunité. Avec Internet qui n’a pas de frontières, il est devenu encore plus simple d’externaliser des services complexes (architecture, analyse de données, etc).
Dans ce marasme de complexités, on doit pouvoir y voir un avenir. Nos gouvernements ont dû mal à se projeter au-delà de leurs 4 ans de mandat. Malheureusement, ils doivent prendre des décisions qui impacteront les 30 à 50 années à venir. Ces décisions sont souvent prises trop tard et en réaction à des événements.
Les Chinois ont une vision moyen-long terme. Le PPC (parti communiste chinois) prévoit des plans qui s’étalent sur des dizaines d’années (mainmise sur les ressources minières en Afrique, positionnement stratégique militaires sur toute l’Asie et augmentation de ses forces défensives/offensives). Vu les stratégies établies jusqu’à présent, la Chine se prépare au pire. Le coronavirus n’est qu’un début.
Le pire, cela va faire 30 ans que les scientifiques les crient sur tous les médias ! Je connais peu de scientifiques qui dénient le réchauffement climatique et ses effets dévastateurs… Malgré ces cris et les « efforts » de l’Europe à servir d’exemple, nos émissions mondiales continuent à monter et d’autres pays voient leur croissance explosée. À l’échelle globale, nous n’avons pas bougé d’un iota.
L’UE ne représente que 13,3% des émissions mondiales. Si l’initiative n’est pas suivie, cela n’aura aucun impact. Lors du sommet sur le climat en 2015 à Paris, beaucoup de pays ont plaidé au combat contre le réchauffement climatique (cf. les pays en bleu sur le graphique des Nations Unies). En 2019, les émissions ont encore augmenté de 4% par rapport à 2015 (source : reuters.com – growth in global Carbon emissions). Durant la COP 25 en 2019, aucune action n’a été prise. Nous sommes encore au niveau des discussions. Attendrons-nous la COP 48 avant de prendre des mesures ?
Le réchauffement climatique n’est qu’un problème parmi tant d’autres.
Les graphiques ci-dessous ne peuvent pas être plus explicites. Le réchauffement climatique a bien lieu et c’est un problème d’une envergure qui dépasse tout ce que nous avons connu jusqu’à présent.
Augmentation de la température sur la surface de la Terre (source :carbonbrief.org).
Anomalies en 2019 de température (source : BerkeleyEarth.org)
Ce n’est pourtant pas le seul problème que nous devons résoudre urgemment. Je reprends quelques idées d’un livre que j’ai adoré : Yuval Noah Harari – 21 Lessons for the 21st Century.
- Une nouvelle crise financière. La BCE affirme que la prochaine crise financière sera 10 fois importante que celle de 2008. Nos banques vont mal. Les investissements stagnent. Les dettes publiques et privées atteignent des sommets. On ressent des bulles dans différents secteurs. Il y a de quoi s’inquiéter très sérieusement.
- Un accès au travail pour tous. Avec l’avancée des technologies et de l’AI, il est fort probable que de personnes se verront bientôt obsolètes sur le marché du travail. Comment changer le système éducatif pour préparer nos citoyens à s’adapter et à développer constamment des compétences recherchées sur le marché.
- La fin des libertés individuelles. La montée en flèche de la surveillance en ligne, la reconnaissance faciale, contrôle psychologique peuvent nous alerter sur le pire. 1984 d’Orwell, un livre d’instruction ?
- Un écart entre riches et pauvres. La classe moyenne disparaît. L’inflation augmente et les salaires stagnent. Au sein même des Élites, l’écart de richesses est énorme. Cela ne peut aboutir qu’à des crises sociales.
- Violence et terrorisme. Si des crises sociales émergent et que des minorités (ou des majorités) se sentent abandonnées ou non-entendues, cela aboutira à des violences.
- Guerres. Dans un environnement instable, nous nous battrons pour les ressources rares. Aujourd’hui, cela tourne autour du pétrole. Demain, cela pourra être autour d’une mine de Lithium ou un lac d’eau potable. De plus, l’armement nucléaire n’est plus le monopole des pays occidentaux.
- Immigration. D’ici 2050, la majorité de l’Afrique et de l’Asie du Sud-est deviendront inhabitables. L’ONU prévoit entre 600 millions à 1 milliard de réfugiés climatiques. Vous rappelez-vous les scandales en Europe pour accueillir deux millions de réfugiés syriens ? Que ferons-nous quand 50 millions de personnes atteindront nos cotes chaque jour ? Je crains le pire avec la montée du nationalisme et de l’individualisme.
- Destruction massive de la nature. Le réchauffement climatique est un énorme problème, mais je rejoins Aurélien Barrau qui affirme que la perte de 90% de notre faune et flore est encore plus dramatique. L’Homme s’élargit et s’approprie la Terre en détruisant tout sur son passage. Bientôt, nous n’aurons que les rats et les pigeons à admirer.
Une décision qui impactera le reste de nos vies.
Aujourd’hui, nos gouvernements font un entre-deux. Un peu d’écologie pour gagner l’électorat, mais beaucoup de capitalisme à l’ancienne pour relancer la croissance. Le but ici n’est pas de critiquer des pratiques gouvernementales, mais de confirmer des faits. Notre stratégie un peu d’écologie et un peu de croissance ne semble pas fonctionner.
Je pense que les citoyens devraient faire un choix majeur via un referendum. Ce choix impactera nos vies et celles de nos enfants et petits-enfants. Ce choix devra être démocratique et libre à tous.
- Je choisis la croissance économique.
- Je choisis l’écologie.
Je choisis la croissance économique.
Notre objectif est la croissance du PIB (premier indicateur économique mondial). La croissance du PIB, c’est l’Eldorado du 20ème siècle. Cela apportait une baisse du chômage, une élévation des revenus, des investisseurs étrangers, la joie des lobbies et donc d’un bien-être commun.
Au 21ème siècle, une montée du PIB demande des sacrifices (surtout pour les pays endettés comme les nôtres). On libéralise totalement l’emploi, on diminue les taxes aux entreprises et augmentent les taxes aux citoyens. Les budgets gouvernementaux devront aussi diminuer sévèrement (recherche, culture, juridiction, santé, aide aux citoyens, aide internationale). Idéalement, chaque pays jouera la carte de l’individualisme totale (fin de la sécurité sociale et de l’État nounou). L’UE n’aura aussi plus de raison d’être.
Si l’économie reprend, les 1% gagneront plus d’argent et participeront encore plus à l’économie. Les classes moyennes descendront moins dans la rue puisque ceux-ci augmenteront leur pouvoir d’achat. Cela amènera à un cercle vertueux (et très inégalitaire) où notre pays pourra prospérer. Une fois richissime, nos élites pourront alors jeter un œil sur les impacts écologiques et socials que nous avons laissés de côté (cf. les impacts en Europe, un rapport de l’EEA)
Notre pays aura plus d’argent pour,
- Créer des bunkers,
- Créer des digues,
- Créer des masques à gaz,
- Développer une armée pour défendre ou attaquer des ressources vitales. Ainsi que pour écraser toute révolte interne.
Ce n’est pas le choix que je préconiserai, mais c’est un choix tout à fait viable si celui-ci est pris collectivement. Je doute qu’il soit si simple de relancer une croissance économique. Cela fait depuis des années que la BCE fait de l’assouplissement quantitatif. C’est un joli mot pour dire qu’on fait tourner la machine à billets. Malgré les taux d’intérêts bas voir négatifs , malgré des subsides démesurés, l’économie ne reprend pas. Les salaires restent statiques, la pauvreté en Europe touche de plus en plus de personnes et les écarts de revenus augmentent.
En choisissant la croissance économique, il est fort probable que nous mettions une grosse partie de la population à défaut. Quid des retraités ? Des personnes handicapées ? Des malades ? Toutes personnes qui ne participeraient activement pas à l’économie se verraient exclues et pauvres.
Je choisis la décroissance pour la planète.
Dans le deuxième cas, notre gouvernement choisirait la décroissance du PIB. Capitalisme vert, croissance verte, ces idées sont des leurres. On ne sauvera pas notre écosystème en gardant nos habitudes actuelles. Si nous voulons sauver notre planète, cela passe par des réglementations fortes qui vont impacter nos vies (et donc nous faire chier).
Qu’est-ce que c’est une réglementation forte ?
- Interdiction de prendre l’avion ou la voiture à moins d’avoir un accord particulier,
- Interdiction d’utiliser l’air conditionné ou de laisser une lampe allumée,
- Interdiction d’utiliser du plastique à un seul usage,
- Interdiction d’acheter un nouvel appareil numérique tous les ans,
- Interdiction de manger plus de 2 fois de la viande par semaine.
- Etc.
Appelons cela la dictature verte 🟢🟩. Quand je vois les révoltes citoyennes quand l’essence est un plus taxé, je sens bien que nous ne sommes pas encore prêts à quitter notre confort.
Nous choisissons la dictature verte (donc de vivre temporairement dans l’inconfort), un choix tout à fait admirable et courageux. Est-ce que cela aura un quelconque impact sur le changement climatique ? La réponse est bien sûr non. L’Europe tout entière ne représente que 10% des émissions de gaz à effet de serre. Disons 20% (si nous prenons en compte) nos importations asiatiques. S’il n’y a que l’Europe qui choisit de développer une dictature verte nous nous prendrons quand même +3,8°.
Certains pays n’ont aucun intérêt à se bouger contre le réchauffement. La Russie est un exemple. Des terres actuellement enneigées deviendront fertiles et habitables .
D’autres pays en Amérique latine, Afrique sub-Saharienne et Asie Sud-est sont en terrible danger. Prenons l’exemple de l’Afrique. 1,2 milliards d’habitants. Ce chiffre va doubler d’ici 2050. En même temps avec le réchauffement climatique, c’est 60% des récoltes africaines qui vont complétement disparaître.
Faites ce petit calcul mental : x2 population, /2 nourriture. Qu’est-ce qui va se passer ? Les pays les plus en dangers ne sont pas spécialement ceux qui se bougent le plus pour une transition écologique. Cette idéologie est encore pour une élite occidentales instruites et fortunées. Comme dans ma réflexion sur l’écologie le montre, c’est catastrophique ce que j’ai pu voir dans le monde…
à Les pays africains, latinos, asiatiques n’attendent qu’une chose, c’est de pouvoir vivre comme nous le faisons. Nous attendons qu’une chose, c’est que cela n’arrive pas.
Imaginez-vous l’Afrique qui agit comme un consommateur américain lambda.
Donc si nous choisissons la voie de l’écologie, mais que nous sommes les seuls clampins à vouloir sauver notre belle biodiversité, à quoi bon ?
- Sommes-nous prêts à abandonner notre 2000 € net mensuel pour sauver l’Amazonie que des idiots s’amuseront à brûler ?
- Sommes-nous prêts à vivre dans une certaine précarité alors que d’autres continents se gavent ?
Abandonner la croissance du PIB, pour développer une croissance du savoir, du bien-être commun, de l’entraide semble difficile et inimaginable. Pour nos politiciens, cela rentre dans l’ordre de l’utopie. Personnellement, je pense que continuer notre capitalisme destructeur et espérer un monde serein est bien plus utopique.
Commencez par prendre une direction, c’est déjà un début. Quel que soit notre choix, il y aura des conséquences et cela demandera un effort considérable. Il n’y pas de bons choix comme les Grecs Antiques le savaient. Toutes les lignes ne sont pas tracées et personne ne peut prévoir le futur.
La technologie va nous sauver
Dernier point que j’aimerais aborder. Je faisais partie de ceux qui pensaient que les avancées technologiques pourraient nous sauver. Il faudrait alors une totale libération et transparence du marché et de l’éducation poussée pour tous. Je mets sincèrement en doute ce système de pensée puisque à la vitesse où nous détruisons la vie, la technologie n’aura plus grand-chose à sauver.
L’effet rebond nous prouve que des avancées technologiques majeures ont un lot de conséquences parfois pire.
- Des voitures moins polluantes et moins chères. Depuis, on a bien plus de voitures en circulation.
- Des appareils numériques moins consommateur d’énergie. Le Cloud est un exemple (devenu accessible). Pour le coup, j’ai désormais plus de 150 GB de photos alors qu’auparavant, une petite farde convenait bien à ma maman…
- De l’énergie illimitée et gratuite ? Donner un tel pouvoir à l’Homme avec les mentalités d’aujourd’hui, cela serait presque un désastre. En quelques années, nous aurions construit des routes et aéroports partout.
Donc oui booster l’entrepreneuriat et la deep tech restent importants à mes yeux. Le but est l’amélioration de la qualité de vie. Selon moi, ce but ultime sera atteint via des low techs et un retour aux bases (relations sociales saines, bien-être dans son travail, sa vie).