L’écologie, cette affaire de riches. Réflexions sur l’environnement
Au travers mes voyages, j’ai découvert un fait intéressant. Dans différents pays du monde (Thaïlande, Mexique, Vietnam, Turquie, Cambodge, Hong-Kong, France etc.), l’importance de la question climatique varie.
Des actions qui me sont devenues anodines (trier ses déchets, utiliser les transports en commun) semblent hallucinant dans certains pays …
- En me baladant en Malaisie, je pouvais voir les locaux jeter leurs sacs d’ordures dans les rivières.
Photo prise à 80 km de Kuala Lumpur
- En Thaïlande, il est très commun qu’un café sur la route comprenne 5 morceaux de plastiques. Il y a la paille, l’emballage de la paille, le couvercle du mug, le mug en lui-même et le sac pour transporter le tout…
Source Hans Scott
- À Tokyo (Japon), les sushis sont emballés pièce par pièce.
Source : Alarmy Stock Picture
- À Seoul (Corée du Sud), un simple petit lunch représente 15 morceaux de plastique,
Photo prise dans un 7-Eleven à Séoul
- À Miami (Etats-Unis), l’idée de marcher est complétement délirant…
Photo prise à Miami Beach, être piétonnier est rare.
J’ai alors eu cette réflexion,
Être écolo semble concerner qu’une minorité. C’est un privilège de riches.
À qui la faute ?
Un fait émerge quand nous regardons l’empreinte carbone par personne dans les pays occidentaux vs les autres pays.
Oui, la Belgique est dans le top 10 contre 193 autres pays.
Malgré notre bon vouloir écolo, nos habitudes de vie (biens importés, surconsommation, voitures) font que nous restons loin derrière…
Petit exemple sur nos achats
Vous seriez étonné de savoir que votre smartphone contient du Zinc, du Cuivre, du Cobalt, etc. Ce sont plus de 40 matériaux rares et non-renouvelables. Mes proches et moi-même changeons de téléphone tous les deux ans. En Inde, beaucoup de personnes n’avaient pas de téléphone du tout.
Petit exemple sur notre alimentation
J’étais récemment choqué par une femme mexicaine qui ne connaissait pas le terme « vegetariano » (végétarien). J’ai donc passé quelques minutes à lui expliquer les tendances végétariennes et végétaliennes. Je n’ai pas osé lui expliquer que les gens en Europe étaient prêts à payer plus cher pour ne pas manger de viande.
Dans différentes régions du monde, certaines familles sont végétariennes sans s’en rendre compte… Regardez un peu ces différents repas hebdomadaires (Photos de Peter Menzel dans le libre Hunger Planet),
Famille du Mali – 16€ par semaine en nourriture
Famille du Bhoutan – 4€ par semaine en nourriture
Famille d’Équateur – 20€ en nourriture par semaine
Famille des États-Unis – 230€ par semaine en nourriture
Ma connaissance mexicaine consomme sûrement moins de viandes, de plastique et de produits chimiques que ma famille européenne. Elle ne connaît pas quelques concepts clé de l’écologie. Tant pis…
Petit exemple sur nos déplacements
Nous blâmons beaucoup la Chine. Une fois sur place à Pékin, j’ai découvert que la population prenait principalement les transports en commun et que 90% de la population n’a jamais pris l’avion. Personnellement, je passe à l’aéroport tous les 3 mois…
Les habitudes de certaines populations peuvent me choquer, mais in fine, ils sont dans leur droit. Ils souhaitent simplement vivre comme nous le faisons. Je suis plus à blâmer en tant qu’européen conscient.
Travailler pour une cause
Selon moi, c’est un réel privilège de pouvoir investir son temps (et donc son argent) au problème climatique. J’ai lu récemment cet article d’une Parisienne qui quittait son boulot en agence,
Réunion après réunion, le greenwashing des présentations, la mauvaise foi des clients […]. Je ne pouvais plus être végétarienne depuis huit ans et promouvoir des marques agroalimentaires qui empoisonnaient les gens. Je ne pouvais plus faire attention à mes déchets et écrire des scripts pour des produits suremballés fabriqués à l’autre bout du monde. – Flora (LeMonde.fr)
L’économie verte pour l’instant n’est pas la plus profitable. Cela ne sera jamais son but. Travailler pour une cause comme Flora est honorable, à condition que nous puissions nous nourrir, nous loger et développer des relations sociales.
Toutes les missions que j’ai pu faire pour une cause étaient soit volontaires, soit sous-payés. Sans des missions pour des multinationales sur le côté, je n’aurai pas eu de pain sur la table.
Pour beaucoup trouver un travail est déjà compliqué. Si vous êtes étranger, laid, de couleur, avec un accent, un handicap, vos chances se réduisent considérablement. Donc oui, nous ferons moins la fine bouche. Travailler chez Total est déjà un privilège.
En Europe, nos associations et organismes verts n’arrivent pas à vivre convenablement (malgré des subsides et dons privés). Pensez-vous qu’il y a une opportunité pour les entreprises responsables dans les pays émergeants ? De mon expérience, les restaurants végétaliens survivent grâce aux touristes. Les réserves et associations bénévoles sont financées en grande partie par des fonds étrangers…
Climato-scepticisme
Vous connaissez déjà bien le discours. C’est aux politiques et aux élites de se bouger. Une action avec quelques millions sur la table a tendance à être plus effective. Pourtant, nous avons encore beaucoup de climato-sceptiques.
J’en faisais partie. Depuis 9 ans, on me parle des dégâts de mes habitudes occidentales,
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Réchauffement climatique : Le niveau des océans qui augmente, ne m’avait pas trop touché.
J’ai vécu à Amsterdam. Je sais bien que certains pays ne sont pas effrayés par la montée des eaux. Les Hollandais ont appris à dompter la mer et ils continueront à le faire pour les années qui viennent.
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Perte d’espèces rares : La perte de faune et flore dans leur environnement naturel ne m’avait pas effleurée non plus.
Citadin, depuis ma naissance, j’ai toujours connu les animaux en cage, les plantes dans un jardin botanique. Tigre blanc, éléphant, rhinocéros, tous étaient visibles depuis le zoo. Bien nourris et bien vivants !
Zoo au Vietnam (de mémoire, la condition des animaux était acceptable)
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Catastrophes naturelles : Des ouragans et tsunamis ont lieu chaque année à travers le monde. Ma réaction depuis mon canapé était alors : « Ah, c’est malheureux, ces pauvres gens ». Si Facebook me proposait de faire un don, j’aurais alors mis 10 euros pour soulager ma conscience…
- Les manifestations étudiantes : Je fus ému par Greta lors de ses premiers discours. Ensuite, celle-ci fut alors transformée en produit marketing avec des discours préparés et surjoués… Y a-t-il eu des lobbyistes derrière avec un chèque que les parents ne pouvaient pas refuser ? Déçu, je me suis détourné du mouvement.
Toute perspective climatique peut changer
Récemment, j’ai fort changé mes idées sur l’importance de mes actions sur le climat. Mon parcours intellectuel fut semé d’embûches. Le travail de Pablo Sevrigne et des scientifiques du GIEC m’ont fort aidé à y voir clair. Selon ceux-ci, notre monde est interconnecté. Un tsunami au Japon aura tout autant un impact dans ma vie que la perte du chimpanzé en Afrique.
Notre économie (et donc consommation) est infinie dans un monde fini.
Les ressources de la Terre ne sont pas infinies comme on aimerait le croire. Les ressources planétaires n’arriveront pas à suivre notre consommation d’énergie (dont Internet) et matériaux non-renouvelables. En 2019, il nous faut déjà deux planètes Terre pour combler notre consommation. Que se passera-t-il quand toutes les populations du monde pourront vivre et voyager comme nous le faisons ?
1950 Une année charnière…
À tous les amateurs de manga, vous devriez connaître cette règle de l’échange équivalent (Full Métal Alchimiste). Inspirée d’Antoine Lavoisier, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Qu’allons-nous sacrifier pour pouvoir continuer notre consommation ? Par exemple, avant qu’une eau ne redevienne potable, il existe un long processus naturel. Si on consomme plus rapidement d’eau potable que la Terre n’en génère, c’est la crise. Si un pays manque d’eau potable dans les 3 jours, c’est toute la population qui meurt. Aujourd’hui, on valorise plus le pétrole et l’or alors que ni l’un, ni l’autre nous permettent de vivre…
Pour ma propre survie et celle de mes proches, j’ai une responsabilité vis-à-vis de la planète Terre. Donc oui, je compte désormais me battre contre ceux qui nettoient leur voiture à l’eau potable.
Des actions qui n’ont aucun impact
Personnellement, j’ai choisi de passer pour un idiot,
- Quand j’explique que j’aimerais ne jamais avoir de voiture.
- Quand je demande des plats sans viande,
- Quand je remplis ma gourde,
J’ennuie tous les supermarchés du monde à ne pas utiliser leurs sacs plastiques.
Photo prise au Walmart. Au Mexique et États-Unis, c’est un sac plastique par produit…
C’est le sacrifice à payer pour s’offrir une conscience. Et pourtant, ce n’est encore rien. D’après ce test suisse de WWF, avec ma consommation personnelle (sans voiture, sans viande, chauffage faible, peu d’achats de vêtements, mais beaucoup d’avions), j’arrive quand même à «il nous faudrait 3,5 planètes pour co-exister avec vous».
En tant que digital nomade, je voyage beaucoup. Dormir dans un bus ou un train ne me dérange pas plus que cela, mais il faut avouer que l’avion est 30 fois moins cher. Aujourd’hui, vous pouvez avoir n’importe quel vol pour moins de 300 euros. Voilà quelques-uns de mes trajets,
- Pékin – Amsterdam : 120 euros
- Paris – Miami : 110 euros
- Londres – Singapour : 90 euros
Un trajet en bus coûte 10 fois plus pour 10 fois de temps. Je n’ai pas la solution à ce problème. Pour les pays transatlantiques, c’est encore plus complexe. Le voyage maritime n’est pas commun et il est presque impossible de trouver des bateaux qui prennent des touristes (qui ne soient pas des bateaux de croisières hyper polluants et chers) …
Le changement du monde passe par nos habitudes, mais comment changer celles-ci alors que le monde entier lui ne change pas ?
Honnêtement, cela me soulerait d’effectuer New-York – Lisbonne en voilier en 2 semaines sans wifi, alors que d’autres utilisent l’avion tous les mois sans se poser de questions. Cela m’ennuierait d’être rejeté socialement car je suis perçu comme un marginal écolo.
Un pouvoir totalitaire international
Puisque les gens ne savent pas se discipliner, c’est une force supérieure qui doit le faire pour eux. C’est aux gouvernements d’appliquer des règles très strictes pour le maintien de notre planète :
- Dans 24 mois, le plastique est illégale.
- Dans 12 mois, amende à tous ceux qui prennent la voiture pour un parcours de moins de 2 kilomètres etc.
En Belgique, du jour au lendemain, les sacs en plastique n’étaient plus permis dans les supermarchés. Dans beaucoup pays d’Europe, il n’était plus permis de fumer dans les cafés. Peu aiment le changement, mais on s’adapte. Désormais, un supermarché qui utilise des sacs plastiques me fend le cœur. Un café qui sent la cigarette m’insupporte.
Au 21ème siècle, le problème est que nous sommes tous interconnectés mondialement. Or, notre juridiction est pensée nationalement. Imaginons que juste l’Europe arrive à atteindre un accord commun pour réduire sa pollution. C’est déjà un beau combat. Pourtant, l’Europe tout entière ne représente que 10% des émissions de gaz à effet de serre mondial (source : Jean Jouzel du GIEC). Autant vous dire, que cela n’aura aucun impact sur la chute glacière…
Cette question d’unité mondiale est réellement problématique. Récemment, je me suis replongé dans l’affaire des Panama papers. Le fisc s’est arrêté au niveau national, alors que les millionnaires jouent au niveau mondial. Ainsi, il est bien plus facile d’alléger leurs impôts. L’Europe sans une unité avec les gros acteurs de demain n’aura aucun impact.
Les traités qu’on a créés sont des ébauches, mais nous savions bien que c’est jusqu’à présent un échec total. Aucun pays ne devra payer l’addition en cas de non-conformité. Les dates données 2030, 2050 sont éloignées et les objectifs faibles (réduction de la consommation d’énergies non-renouvelables par 50%).
Source Visual Capitalist
Dans 10 ans, la Chine sera de loin la première puissance mondiale. Si ceux-ci décident de ne pas investir dans le climat, qui pourra les stopper ? Des événements majeurs vont bientôt arriver une crise financière 10 fois plus grosse que 2008 (source BCE), des catastrophes naturelles. Nos décisions politiques ne tiennent que 4 ans, le temps d’une candidature. Pourtant rien qu’en Belgique nos défis s’étalent sur des dizaines d’années et avec des nécessités budgétaires en milliards.
Un mot pour la fin
J’ai peur de l’avenir et j’ai peur pour mes enfants.
C’est la peur et l’espoir qui m’animent aujourd’hui. Un jour, je trouverai peut-être le courage de me lancer en politique. D’ici là, aider des entrepreneurs et mes proches me convient.
Chers amis, profitons consciemment de cette superbe planète en réduisant au maximum notre impact. C’est le plus beau geste qu’on peut faire pour nos enfants. Profiter sans consommer ou détruire est possible. Cela passera par un retour aux sources et aux relations vraies.
L’écologie est l’affaire de tous, mais il est vrai que si on regarde chez le voisin, il y a de quoi pleurer. Les décisions de Jair Bolsanero au Brézil sont un exemple. À notre niveau (priviligiés, informés et avec une certaine liberté), nous pouvons agir. Mourrons asphyxié fièrement.
Merci de m’avoir lu, à vous aussi de partager vos ressentis.
BXM
22/10/2020 @ 00:52
Pourtant, l’Europe tout entière ne représente que 10% des émissions de gaz à effet de serre mondial (source : Jean Jouzel du GIEC). Autant vous dire, que cela n’aura aucun impact sur la chute glacière…
Je suppose que ce ne sont que les émissions nationales, et ne prennent pas en compte nos émissions importées au sens d’empreinte carbone.
Par exemple en France nos émissions dues à nos délocalisations sont supérieures a nos émissions territoriale
Autrement dit notre vrai impact européen est sans doute plus proche de 25%
Ce serait bien de le préciser
Arthur Guiot
23/10/2020 @ 11:36
C’est tout à fait juste. Nous sommes très nombrilistes et fiers quand il y a une diminution de 4% de CO2 en France (Exemple : https://www.touteleurope.eu/actualite/climat-les-emissions-de-co2-en-europe.html). On oublie qu’on a juste exporté notre pollution…
Fenidek
13/01/2020 @ 18:34
Bonjour Arthur,
J’ai lu attentivement ton texte et aimerais juste relever quelques points.
J’ai fait également la simulation, je suis +/- au même niveau d’émission de CO2 que toi.
Mais l’important est surtout à mon sens de ne pas confondre nos émissions CO2 et notre emprunte écologique dans sa globalité.
J’ai consommé un sac plastique dont la durée de vie est de 8 minutes (le temps de rentrer chez moi)
Il a fallu pas mal d’énergie fossile pour le concevoir, le penser, fabriquer ou collecter les matières premières, les rassembler en un seul point. Puis, le fabriquer et enfin le transporter jusqu’à l’endroit où je l’ai consommé. Après, il faudra de l’énergie pour le détruire, puis la nature devra (ou pas) absorber cet excédant de produits toxiques issues du pétrole + métaux lourds pour la polymérisation, etc.
Tout cela pour dire qu’il n’est pas question que de CO2. Je sais, tu l’as précisé au début avec tes exemples de déchets plastiques constatés pendant tes nombreux voyages. Mais le test suisse ne parle que de l’emprunte CO2, ce n’est pas suffisant. D’autres défis encore plus graves que le réchauffement climatique nous pend également au nez.
Mais maintenant, nous sommes arrivés à un carrefour de notre développement: démocratie, démographie, climat, énergie, agriculture, alimentation, consommation, déchets, économie, finance… autant de défis qui nous sont lancés à chacun de nous.
C’est le moment clé de notre Histoire, nous devons sans doute nous tourner vers les secrets de la Nature, vers les connaissances ancestrales, discerner la différence entre progrès et développement pour mettre au point des méthodes pour une évolution durable de l’humanité en harmonie avec tout le reste. Un futur qui célèbre et qui nous rapproche de la Nature.
Je ne dis pas que nous devons revenir à l’age de pierre, mais notre avenir devra se tourner vers des attitudes humbles qui feront que nous reconnaitrons être les derniers arrivants sur cette terre. Toutes les autres espèces ont résolus de nombreux problèmes que nous n’avons pas encore réussi à régler. Ces espèces ne créent pas de dommages collatéraux, ne provoquent pas d’effets secondaires et négatifs que nous créons. Le déchet de l’un devient l’énergie de l’autre. L’énergie de l’un se retransforme en déchet que l’autre pourra réutiliser. En réalité, en tout humilité, nous devrons adopter une manière d’observer, d’admirer, de s’inspirer et d’imaginer comment nous pourrions faire mieux que ce que nous faisons aujourd’hui…
Oui, je sais ça a l’air utopique, mais l’humanité devra de nouveau se rapprocher de la Nature ou ne sera pas…
Ahmed
Arthur Guiot
04/12/2019 @ 19:55
Merci de partager cet article ou en discuter autour du vous. L’idée est de faire passer un message.
Nous avons une chance énorme. Comme Flora, nous pouvons faire des choix éthiques. Ne gaspillons pas ce privilège.